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Le Geai Des ChĂȘnes (Garrulus glandarius): L'Oiseau Aux Ailes Bleues Fait La DĂ©monstration De Sa Ruse

  • Photo du rĂ©dacteur: Lacerta Bilineata
    Lacerta Bilineata
  • 23 mars
  • 12 min de lecture

DerniĂšre mise Ă  jour : 23 avr.


Le geai des chĂȘnes (Garrulus glandarius): L'oiseau aux ailes bleues est l'un des animaux les plus intelligents au monde
Le geai des chĂȘnes: L'un des animaux les plus intelligents au monde

Le geai des chĂȘnes (Garrulus glandarius) est un oiseau de la famille des Corvidae qui compte parmi les animaux les plus futĂ©s de la planĂšte, et j'ai pu constater de visu son incroyable intelligence quand j'ai essayĂ© d'en photographier un dans mon jardin. J'espĂšre que l'anecdote qui suit offre un Ă©clairage intĂ©ressant et, peut-ĂȘtre, mĂȘme utile pour les amateurs d'ornithologie.


Pour vous donner un peu de contexte : Au cours de l'hiver 2023, j'ai commencé à offrir de la nourriture aux oiseaux de mon jardin sur un énorme tronc d'arbre que j'avais traßné sous le figuier, juste en face de mon abri en bois. Et c'est par un petit trou dans la paroi de cette cabane que j'ai ensuite pu photographier mes invités aviens à une distance d'à peine deux mÚtres.


L'utilisation de l'abri comme cache a changé la donne pour moi ; je n'avais pas réussi à produire plus d'une seule photo d'oiseau acceptable au cours des années précédentes, et maintenant, en seulement quelques semaines, j'avais réussi à capturer la plupart des visiteurs réguliers de mon jardin (sitelle torchepot, mésange bleue, mésange charbonniÚre, mésange des marais, accenteur mouchet, moineau cisalpin et bien d'autres encore) de prÚs et dans les moindres détails - mais je n'étais pas satisfait.


La raison en Ă©tait simple : le plus bel oiseau du quartier - le geai des chĂȘnes - avait toujours Ă©chappĂ© Ă  mon appareil photo. Je voulais absolument le capturer, mais il refusait obstinĂ©ment de coopĂ©rer. Je sais que tous les geais de l'espĂšce Garrulus glandarius ne sont pas si difficiles Ă  photographier, mais le mien Ă©tait une vĂ©ritable diva et s'est comportĂ© comme telle.


Geai des chĂȘnes (Garrulus glandarius) atterrissant sur un rondin dans mon jardin
Geai des chĂȘnes atterrissant sur un rondin dans mon jardin (printemps 2023)

Les rares fois oĂč Monsieur Geai honorait mon jardin de sa prĂ©sence - et je pouvais l'observer par une fenĂȘtre de la maison - il s'envolait sur une branche du figuier juste au-dessus de mon buffet pour oiseaux, restait lĂ  pendant peut-ĂȘtre vingt secondes Ă  contempler ce qui Ă©tait exposĂ© en dessous, puis s'envolait Ă  nouveau (et je jure que je pouvais le voir froncer le nez - ou plutĂŽt le bec - avant qu'il ne s'envole ;-).


Pour ĂȘtre honnĂȘte, ce n'est probablement pas seulement le menu qui ne l'a pas convaincu ; je suis sĂ»r que ce geai savait que quelque chose de suspect se passait dans cet abri, et mes graines de tournesol et mes cacahuĂštes - qu'il pouvait probablement aussi obtenir dans des mangeoires voisines oĂč aucun paparazzi n'Ă©tait Ă  l'affĂ»t - n'Ă©taient tout simplement pas assez bonnes pour qu'il prenne le risque. Naturellement, j'ai aussi essayĂ© d'autres dĂ©lices telles que des noisettes, des raisins secs ou des pommes fraĂźches, mais rien n'y a fait ; Monsieur Geai est restĂ© mĂ©fiant, ce qui Ă©tait plus qu'un peu frustrant.


Je n'ai pas eu de chance avec le geai pendant tout l'hiver, mais je n'Ă©tais pas prĂȘt Ă  abandonner. Une fois le printemps arrivĂ©, j'espĂ©rais attirer Monsieur Ailes-Bleues avec une friandise spĂ©ciale. Ayant grandi prĂšs d'un verger, je savais Ă  quel point les geais des chĂȘnes aimaient les cerises, et en mai, j'ai enfin pu me procurer les premiĂšres cerises fraĂźches - encore importĂ©es - au magasin.


Le timing Ă©tait essentiel, car les cerisiers autour de mon village ne portaient pas encore de fruits mĂ»rs qui auraient pu concurrencer les miens - mais ils n'allaient pas tarder Ă  le faire. Je disposais donc d'une toute petite fenĂȘtre de temps pour offrir Ă  notre "star" local le genre de traitement exclusif qu'il exigeait clairement.


Et ça a marchĂ©... ou presque. Cela a pris plusieurs jours, pendant lesquels le geai a probablement observĂ© le tronc d'arbre de loin (je l'imaginais avec des jumelles et un trench-coat comme un dĂ©tective privĂ© des annĂ©es 1940 :-), mais finalement, soit par gourmandise, soit sa curiositĂ© il a semblĂ© mordre Ă  l'hameçon. Mais cet oiseau intelligent Ă©tait extrĂȘmement prudent et voulait d'abord s'assurer Ă  100% que les cerises Ă©taient sans danger.


AprÚs deux jours pendant lesquels les fruits restaient ignorés, une premiÚre cerise avait finalement disparu lorsque j'ai inspecté le tronc de l'arbre dans la soirée. Le lendemain, deux cerises avaient disparu, puis trois, et finalement une poignée de cerises manquaient chaque soir.


Geai des chĂȘnes (Garrulus glandarius) dans mon jardin au printemps 2024
Geai des chĂȘnes dans mon jardin au printemps 2024

Le seul problÚme, c'était que ce petit malin programmait si parfaitement ses descentes sur le buffet que je n'étais jamais dans l'abri lorsqu'il le faisait. C'était fou, mais mÚme de la maison je ne l'ai jamais vu; une fois que les cerises ont commencé à disparaßtre, j'ai simplement supposé que c'était le geai, car les autres oiseaux ne s'intéressaient à rien d'autre qu'aux noix et aux graines.


Pendant prĂšs d'une semaine, la mĂȘme histoire s'est rĂ©pĂ©tĂ©e (avec de lĂ©gĂšres variations) : Ă  un moment ou Ă  un autre de la journĂ©e - et jamais Ă  la mĂȘme heure - les cerises Ă©taient ramassĂ©es. Le voleur n'en prenait jamais plus de quatre ou cinq, et cela se passait toujours dans un laps de temps d'environ dix minutes (chiffre que j'ai dĂ©duit parce que je vĂ©rifiais le tronc de l'arbre Ă  intervalles assez rapprochĂ©s) - et sans exception Ă  un moment oĂč je n'Ă©tais pas lĂ  pour l'observer.


Il Ă©tait dĂ©sormais Ă©vident que le geai surveillait en permanence la maison et l'abri, probablement depuis un point d'observation Ă©levĂ© dans les arbres Ă  l'extĂ©rieur de mon jardin, oĂč il pouvait mĂȘme me voir Ă  travers les fenĂȘtres, alors que je ne pouvais pas le voir. Cela me rendait fou : la mĂ©ticulositĂ© et la furtivitĂ© avec lesquelles ce geai s'adonnait Ă  son activitĂ© de voleur de cerises Ă©taient tout simplement irrĂ©elles!


C'Ă©tait peut-ĂȘtre une diva, mais il a faisait preuve d'une discipline incroyable: une fois satisfait, il ne revenait pas, et le reste des cerises restait intouchĂ© jusqu'au soir. La situation Ă©tait dĂ©sespĂ©rĂ©e : si je n'Ă©tais pas prĂȘt Ă  observer le tronc de l'arbre en permanence ou Ă  installer une camĂ©ra de surveillance, il Ă©tait Ă©vident que je ne verrais pas une seule plume du geai. C'est alors que j'ai eu une idĂ©e.


Il faut savoir que je ne voulais pas que la nourriture pour oiseaux soit visible sur mes photos, alors dÚs le départ, j'avais placé trois bûches de bois de chauffage à l'aspect plutÎt photogénique dans un petit triangle sur le tronc d'arbre, et j'avais toujours "caché" la bouffe au milieu d'elles (un peu de tromperie, je sais, mais tout est juste dans l'amour et la photographie :-).


Cela signifiait que si je pouvais voir ces bĂ»ches par la fenĂȘtre de ma maison, je ne pouvais pas voir les cerises et je n'ai donc jamais eu de signe visuel lorsqu'elles ont commencĂ© Ă  disparaĂźtre. Le lendemain, j'ai placĂ© une seule cerise sur l'un des rondins, et les autres dans l'espace entre eux, comme je l'avais fait auparavant.


Je suis rentrĂ© dans la maison et je me suis installĂ© confortablement avec mon ordinateur portable sur le canapĂ© prĂšs de la fenĂȘtre. De temps en temps, je tournais la tĂȘte pour voir si la cerise Ă©tait toujours lĂ . Au bout de deux heures environ, c'est enfin arrivĂ© : Un instant auparavant, j'avait encore clairement vu sa silhouette, et maintenant la cerise avait disparu.


Je me suis levĂ© d'un bond et je me suis rapidement (mais silencieusement) faufilĂ© dans l'abri oĂč mon appareil photo Ă©tait dĂ©jĂ  montĂ© sur le trĂ©pied et prĂȘt Ă  l'emploi. L'adrĂ©naline a commencĂ© Ă  monter: Je ne savais pas du tout si mon plan allait fonctionner. La logique de mon idĂ©e Ă©tait la suivante: si le geai s'attaquait d'abord Ă  la cerise la plus exposĂ©e et Ă©tait ensuite occupĂ© pendant une minute ou deux Ă  la manger quelque part, il ne me remarquerait peut-ĂȘtre pas en se faufilant dans l'abri.


Le suspense Ă©tait presque insoutenable; la sueur coulait de mon front dans mes yeux, et je n'osais pas bouger, de peur que le moindre bruit (comme le froissement de mes vĂȘtements) ne rĂ©vĂšle ma position au geai. Je regardais dans le viseur, les yeux plissĂ©s, figĂ© comme une statue, pendant ce qui m'a semblĂ© ĂȘtre une Ă©ternitĂ© (mais qui en rĂ©alitĂ© n'a pas dĂ» durer plus d'une minute ou deux), quand il est apparu tout Ă  coup : le maĂźtre voleur s'est matĂ©rialisĂ© sur l'un des rondins de bois comme par un tour de magie.


Geai des chĂȘnes (Garrulus glandarius) cherchant l'endroit oĂč le photographe pourrait ĂȘtre cachĂ©
Geai des chĂȘnes cherchant l'endroit oĂč le photographe pourrait ĂȘtre cachĂ© (printemps 2023)

Et oui, c'Ă©tait bien le geai, et il Ă©tait magnifique. Il a fait un mouvement rapide de la tĂȘte, puis il a disparu. J'Ă©tais abasourdi. Tout s'Ă©tait passĂ© si vite que je n'avais mĂȘme pas essayĂ© de le mettre au point - je suis restĂ© lĂ , presque choquĂ©. Je n'avais jamais eu l'occasion de prendre une photo. Une minute plus tard, alors que j'Ă©tais encore en train de me maudire silencieusement, mon prĂ©cieux oiseau est rĂ©apparu. J'ai tĂątonnĂ© sur mon appareil photo - il avait disparu avant mĂȘme que j'aie pu ajuster la direction de l'objectif.


Je me suis mis Ă  jurer bruyamment - je ne pouvais pas m'en empĂȘcher - mais le geai ne semblait pas s'en prĂ©occuper. Dans les trois minutes qui ont suivi, il est revenu deux fois de plus, et tout ce que j'avais Ă  montrer Ă  la fin Ă©tait une photo parfaitement mise au point - bien que sans aucun oiseau - des bĂ»ches sur le tronc de l'arbre. J'espĂ©rais, contre toute attente, qu'il rĂ©apparaĂźtrait une fois de plus, mais ce n'Ă©tait pas le cas ; il avait pris ses cinq cerises habituelles, et le raid Ă©tait terminĂ© pour la journĂ©e.


Je dois dire que malgrĂ© ma colĂšre (surtout contre moi-mĂȘme), j'Ă©tais impressionnĂ©: la rapiditĂ© avec laquelle mon adversaire avait agi Ă©tait incroyable - pas Ă©tonnant que je ne l'aie jamais vu. Mais il Ă©tait tout simplement impossible de photographier cette crĂ©ature fulgurante comme je le faisait habituellement, c'est-Ă -dire en sĂ©lectionnant la plus petite focale et en ne visant que l'Ɠil. Si je voulais capturer Monsieur Ailes-Bleues, je devais passer en mode automatique et en mode de prise de vue en continu, en espĂ©rant que l'une des photos finirait par ĂȘtre nette.


Le lendemain, j'ai mis en Ɠuvre ma nouvelle stratĂ©gie et, heureusement, l'astuce de la cerise exposĂ©e sur le rondin a de nouveau fonctionnĂ© : le geai l'a prise en premier et j'ai pu me faufiler rapidement dans l'abri, apparemment sans me faire repĂ©rer. Comme la veille, Monsieur Garrulus glandarius a surgi de nulle part et a disparu avant que je n'aie le temps d'appuyer sur le dĂ©clencheur.


Mais aprĂšs la troisiĂšme tentative, j'ai enfin trouvĂ© le bon moment ; j'ai visĂ© et j'ai dĂ©clenchĂ© des tirs rapides comme si j'utilisais une mitrailleuse ; l'appareil photo a fait « trrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr » (oui, c'est ma meilleure imitation de ce son :-), et j'ai pu voir immĂ©diatement Ă  quel point ce bruit irritait le geai. Bizarrement, il semblait beaucoup plus gĂȘnĂ© par le bruit de la camĂ©ra que par mes marmonnements et jurons incessants.


Cette fois, il n'est pas revenu pour une cinquiÚme et derniÚre cerise. Mais je m'en fichais complÚtement (et étant un passionné de la nature, cela m'embarrasse de l'admettre) ; j'étais dans un "esprit de chasse", presque fébrile, et la seule chose qui comptait maintenant était mon trophée photographique.


J'étais euphorique, car je savais que j'avais capturé le geai. Toujours dans l'abri, j'ai immédiatement passé en revue les photos, les doigts tremblants d'excitation (je sais que cela doit paraßtre exagéré et trÚs ridicule pour la plupart des gens, mais je parie que les photographes entre vous savent exactement de quoi je parle ).


HĂ©las, mon euphorie n'a pas durĂ© longtemps. MĂȘme sur le petit Ă©cran de l'appareil photo, il est devenu instantanĂ©ment Ă©vident que les photos Ă©taient inutilisables. Au mieux, elles Ă©taient peu nettes, au pire, elles Ă©taient complĂštement floues. J'ai scrutĂ© mon environnement Ă  la recherche d'un objet ou d'une surface appropriĂ©e oĂč je pourrais me fracasser la tĂȘte. J'avais envie de crier (et je l'ai peut-ĂȘtre fait - mes voisins m'ont regardĂ© d'un drĂŽle d'air ce jour-lĂ , mais ils le font souvent :-).


Jusqu'ici, c'était 3:0 pour l'oiseau. J'avais échoué à chaque tentative, et il m'avait surpassé à tous les niveaux. De plus, Je n'osais pas utiliser à nouveau le mode de prise de vue en continu : le bruit était trop fort et je craignais de faire fuir le geai à tout jamais ( et les résultats - dus à mon incompétence - ne risquaient pas de s'améliorer).


J'Ă©tais habituĂ© Ă  photographier des reptiles, des insectes et des chevreuils, mais aucun d'entre eux ne bougeait aussi vite que le geai des chĂȘnes : j'avais besoin de plus de temps. Juste quelques secondes auraient suffi, mais je me suis rendu compte que cet oiseau futĂ© ne me les accorderait jamais. La situation semblait dĂ©sespĂ©rĂ©e - jusqu'Ă  ce que j'aie un moment Eureka inattendu. Tout Ă  coup, j'ai su comment obtenir une seconde (ou deux) de plus avec Monsieur Geai (Ă  condition qu'il revienne).


Le lendemain matin, je suis retourné au tronc d'arbre et j'ai de nouveau placé une seule cerise sur l'un des rondins, mais les autres - vous savez: celles que j'avais toujours placées au milieu de ce triangle de bûches - je les ai recouvertes de quelques fines brindilles. Pas trop - aprÚs tout, l'appùt devait rester visible sous les brindilles - mais suffisamment pour qu'un seul mouvement de cueillette ne suffise pas à saisir une cerise.


"À vous de jouer, Monsieur Geai", ai-je pensĂ© en entrant dans la maison. Je me suis allongĂ© sur le canapĂ© et j'ai attendu. Le geai ne venait pas. Toute la journĂ©e, j'ai rĂ©guliĂšrement regardĂ© par la fenĂȘtre: la silhouette de la cerise isolĂ©e sur la bĂ»che restait en place, comme une petite statue bizarre qui se moquait de moi.


Je craignais que le bruit intense de l'appareil photo le jour prĂ©cĂ©dent ait dĂ©plu au geai au point qu'il en avait assez de mes bĂȘtises. MĂȘme si c'Ă©tait dur, je devais me prĂ©parer Ă  accepter le fait que ma photo de trophĂ©e de ce magnifique oiseau n'allait tout simplement pas se produire. En fin d'aprĂšs-midi, j'ai soudain remarquĂ© que la cerise n'Ă©tait plus lĂ . Dix secondes plus tard, j'Ă©tais dans l'abri - et prĂȘt.


L'expression du geai lorsqu'il s'est posé sur l'un des rondins était presque comique. Il n'avait apparemment pas remarqué les brindilles auparavant, et son court moment d'hésitation était tout ce dont j'avais besoin pour obtenir une premiÚre prise. Il a entendu le bruit et m'a regardé - clic ! - et c'est ainsi que j'ai pris ma deuxiÚme photo, qui a bien capté l'air perplexe de son visage (vous pouvez voir cette photo ci-dessous).


Geai des chĂȘnes (Garrulus glandarius) surpris par le bruit de l'appareil photo
Geai des chĂȘnes surpris par le bruit de l'appareil photo (printemps 2023)

Il n'a fallu que deux secondes à Monsieur Ailes-Bleues pour s'adapter à la nouvelle situation ; il a rapidement jeté quelques brindilles avec son bec, puis il a ramassé une cerise - clic ! (ma troisiÚme photo, que vous pouvez voir ci-dessus) - et il s'est envolé. Mais il était clair que le geai savait parfaitement qu'il était photographié, et il n'aimait pas ça du tout. L'expression d'agacement sur son visage était sans équivoque: il ressemblait à Sean Penn lorsqu'il est confronté à un paparazzi.


Entre-temps, j'étais ravi: ça avait marché (et un bref contrÎle sur le minuscule écran de l'appareil photo l'a confirmé) ; j'avais au moins deux photos acceptables. Les quelques secondes gagnées grùce aux brindilles avaient porté leurs fruits.


Tout est bien qui finit bien, comme le dit le proverbe, et si le "conte du geai" devait se terminer ici (et il pourrait le faire), ce serait en effet une fin heureuse. AprĂšs tout, j'avais rĂ©ussi Ă  dĂ©jouer l'astucieux oiseau et Ă  obtenir les photos que je souhaitais. Mais il y a un petit Ă©pilogue Ă  cette histoire, et je crois qu'il vaut la peine d'ĂȘtre racontĂ© (et si vous ĂȘtes arrivĂ© jusqu'ici, vous pouvez tout aussi bien continuer Ă  lire ;-).


Vous voyez, je n'ai pu appliquer la stratégie de la seule cerise et des brindilles qu'une seule fois de plus (le lendemain, et vous pouvez voir ces photos ci-dessous) - et puis plus jamais. Deux jours plus tard, la seule cerise exposée était toujours visible sur la bûche à la tombée de la nuit, et j'ai donc supposé que le geai n'était pas venu. Mais lorsque je suis allé vérifier - grande surprise ! - cinq des autres cerises avaient disparu.


«Eh ben !", me suis-je dit, "ça doit ĂȘtre une coĂŻncidence". Dans ma tĂȘte, il Ă©tait impossible que le geai se rende compte que la disparition de la cerise exposĂ©e sur la bĂ»che Ă©tait mon indice visuel que son attaque furtive avait commencĂ©: aucun animal n'Ă©tait aussi intelligent. Et pourtant, je n'ai pas d'autre explication, car croyez-le ou non: il n'a plus jamais pris la cerise exposĂ©e. Pas une seule fois.


Lors de toutes mes tentatives suivantes, mon signe visuel est resté intouché, tandis que le geai s'est amusé à ramasser toutes les autres cerises. Lorsque j'ai ensuite placé plusieurs cerises sur la bûche, elles sont toutes restées intouchées, mais il a continué à prendre celles que je ne pouvais pas voir.


Finalement, j'ai placĂ© TOUTES les cerises sur les rondins de telle sorte que je puisse les voir de la maison - et maintenant le geai les a ignorĂ©es complĂštement. Quand j'en ai remis quelques-unes dans l'espace entre le petit triangle de rondins, il n'est plus revenu les prendre; apparemment, il en avait assez de mes bĂȘtises et de ces cerises qui se dĂ©plaçaient constamment.


Peu aprÚs, les cerisiers autour du village ont commencé à porter des fruits, et les visites du geai dans mon jardin ont cessé entiÚrement. En fait, pendant tout le reste de l'année, je n'ai plus pu prendre de photos de Monsieur Garrulus Glandarius.


En fin de compte, qui a VRAIMENT gagné cette partie d'échecs entre moi et le geai ? Si vous me le demandez, je dirais que c'est un match nul (et c'est probablement encore un peu généreux vers moi) - mais c'est à vous de juger.



P.S. En 2024, j'ai photographiĂ© et filmĂ© un geai des chĂȘnes dans mon jardin (je ne sais pas si c'Ă©tait le mĂȘme que l'annĂ©e derniĂšre; c'est celui sur la troisiĂšme photo en partant du haut vers le bas ), et ce clip peut vous donner une idĂ©e de la rapiditĂ© de ces oiseaux : https://www.youtube.com/watch?v=OA9s_bciA-Y


J'ai chronomĂ©trĂ© le vol de la cerise : le geai ne met mĂȘme pas deux secondes pour atterrir, arracher son butin et repartir (vous pouvez aussi le regarder au ralenti), alors je suppose que je ne devrais pas ĂȘtre trop dur avec moi-mĂȘme.


Merci beaucoup d'avoir regardĂ© et lu - et dites-moi ce que vous en pensez dans les commentaires (je serais particuliĂšrement intĂ©ressĂ© si quelqu'un a eu des expĂ©riences similaires avec des geais ou d'autres corvidĂ©s intelligents - ou a Ă©tĂ© dĂ©jouĂ© par un autre animal sauvage de la mĂȘme façon que je l'ai Ă©tĂ©).


Si cela vous intéresse, vous trouverez mes meilleures photos de nature ici

Lacerta Bilineata  |  greyjoy7007@gmail.com

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